La guitare acoustique

OUTILS ET TECHNIQUES
DE LA GUITARE ACOUSTIQUE

Les cordes

Sur une guitare acoustique on monte en général des cordes «bronze», ou « phosphor bronze », (celles ci durent un peu plus longtemps).
Le tirant light (012/054) est un minimum si l’on veut que l’instrument sonne avec une puissance suffisante. Les grands spécialistes jouent sur des tirants médium (013/056), attention cependant à la construction de la guitare, toutes ne supportent pas une tension trop forte.
N’oublions pas que les pionniers jouaient sur des Black Diamond heavy (014/058) et que les guitares de cette époque avaient des manches de pioche.

Quelques exceptions

Bert Jansch
Bert Jansch

 

 

Les cordes Tony Rice, (tirant 013/057) fabriquées par D’Aquisto ont un revêtement en nickel.
Bert Jansch joue sur des tirants extra light (010 /048).

Le mystère de la troisième corde

On essaie toujours de retrouver la présence et le son des vieux disques de nos bluesmen préférés, souvent sans savoir que ceux-ci jouaient presque tous avec une 3ème corde (sol), non filée, comme sur une guitare électrique.

Blind Blake
Blind Blake

C’est ce qui donne le son si caractéristique du blues acoustique de Blind Blake, Big Bill Broonzy, Robert Johnson, Fred Mc Dowell et avec eux la quasi-totalité des musiciens de blues. Aujourd’hui Bonnie Raitt et John Hammond perpétuent la tradition. Il faut un peu de temps pour se faire à une 3ème corde non filée sur une acoustique car notre oreille est depuis longtemps habituée au «joli son» de la guitare folk ou au son très puissant et équilibré de la guitare bluegrass.

Le Fingerpicking

Chris devant le bus de Bob Wills & The Texas Playboys
Chris devant le bus de Bob Wills & The Texas Playboys

C’est le style de base de toute la musique américaine blues et country.
Le fingerpicking se joue avec deux doigts de la main droite (le pouce et l’ index), munis d’onglets (fingerpicks), en plastique pour le pouce et en fer pour l’index.

Il est indispensable de maîtriser cette technique, très simple à deux doigts si l’on veut retrouver la précision, la puissance et le groove de nos héros.

Les premiers enregistrements connus de fingerpicking, datent de 1924 avec Sylvester Weaver et son fameux « Guitar Rag », qui allait devenir le « Steel Guitar Rag » de Leon Mc Aucliffe avec Bob Wills & the Texas Playboys quelques années plus tard (mais joué cette fois ci à la Pédal steel guitar).

C’est surtout à partir de 1925 et 1926 avec les disques de Blind Lemon Jefferson et Blind Blake, que le style allait se développer et faire école. Tout le blues acoustique a été interprété de cette manière, ce style de picking à deux doigts s’est perpétué jusqu’à la guitare électrique, puisque les pionniers du Chicago blues comme Muddy Waters, Jimmie Reed, Jimmie Rodgers, J.B. Hutto, qui venaient tous des régions rurales du Mississippi, et donc de la guitare acoustique, ont conservé ce style de main droite (avec onglet de pouce et d’index) sur des guitares électriques. D’un autre côté, sous l’influence de T. Bone Walker puis de B.B. King, le blues traditionnel allait se « jazzifier », et le guitariste électrique devenu presque uniquement soliste allait peu à peu délaisser les onglets au profit du médiator.

Jerry Reed
Jerry Reed

Ce sont les musiciens blancs, de musique «Old Time» puis de country qui allait ensuite développer ce style de picking.

Ike Everly, Merle Travis, Mose Rager
Ike Everly, Merle Travis, Mose Rager

Sous l’influence d’Arnold Schultz, un musicien noir du Kentucky, Mose Rager puis Ike Everly, (le père des Everly Brothers) allaient servir de maîtres et de mentors au jeune Merle Travis qui allait lui-même influencer une myriade de guitaristes de par le monde, les plus connus étant sans doute Doc Watson et Lester Flatt.

 

 

 

A noter que, dans le blues aussi, ce fingerpicking allait se retrouver sur les guitares électriques de Scotty Moore, sur les premiers enregistrements d’ Elvis ou de Cliff Gallup avec Gene Vincent.

Le rockabilly du départ est joué de cette manière. Jeff Beck en sait quelque chose puisqu’il fit venir par la poste les deux onglets de Cliff Gallup lorsqu’il enregistra son disque « Crazy Legs » en hommage à Gene Vincent ! Bon, c ‘est pousser le souci de l’authentique un peu loin mais je ne peux m’empêcher de trouver cela sympathique.

Le disciple le plus prestigieux de Merle Travis est bien sûr Chet Atkins mais son style de picking à 3, voire quatre ou même 5 doigts de la main droite, qui fait parfois appel à la technique classique, l’éloigne considérablement du style de base, simple, direct et groovy. Seul, Jerry Reed, avec son jeu à 4 doigts, a su conserver (et même optimiser) le groove originel.

Finger picks
Finger picks

 

Les fingerpicks, (ou onglets). En général on utilise un onglet en plastique pour le pouce et un onglet en fer pour l’index, bien que Jimmie Reed et Doc Watson utilisent deux onglets en plastique.

De marque National ou Dunlop, il faut les essayer et trouver ceux qui conviennent à la taille de ses doigts.

 

 

Picking patterns

Vous pouvez télécharger ici des tablatures de picking patterns très simples.
Tout est écrit dans les tonalités principales : Do, Ré, Mi, Sol et La.
Chaque pattern tourne sur deux mesures.

Ce sont des exemples basiques, à jouer avec deux doigts (pouce et index), à travailler à des tempos différents et que vous pourrez ensuite faire évoluer à votre gré.
Ils pourront vous servir pour accompagner une infinité de morceaux.
Pour les accords mineurs de Ré, Mi et La garder le même schéma en changeant simplement le doigté de l’accord.

Le Flatpicking

The Carter Family
The Carter Family

C’est l’autre technique de base de la musique traditionnelle américaine.

Le flatpicking se joue au médiator, on en trouve les bases dans le Carter picking, employé par Maybelle Carter dans les enregistrements de la Carter Family.

Chris & Bryan Sutton
Chris & Bryan Sutton

Les basses se détachent de l’accord fournissant un accompagnement plus riche. Au fil du temps, cette technique allait évoluer vers un style flamboyant, rapide, précis, à la fois harmonique et mélodique à travers les morceaux de Doc Watson, Clarence White, Norman Blake, Tony Rice et Bryan Sutton.

 

Cordes et médiators durs de rigueur, poignet plutôt raide car le son est généré par toute la force de l’avant bras.

Le Crosspicking

C’est une des composantes du style flatpicking, vraisemblablement issu de la mandoline bluegrass, le crosspicking permet d’arpéger des accords avec un mouvement de main droite bien précis : deux coups de médiators vers le bas suivis d’un coup vers le haut.

Grâce à ces techniques de médiator, flat et crosspicking, certains spécialistes comme Tony ou Wyatt Rice donnent l’impression de jouer en fingerpicking tant leur rapidité est époustouflante, le médiator leur apportant une attaque supplémentaire.

Les capos

Un bon capo de qualité, de marque Schubb, Kyser ou Paige est indispensable car pour faire sonner le blues acoustique en fingerpicking ou le bluegrass en flatpicking, on se sert majoritairement des positions d’accords de base qui privilégient les cordes à vide.
Alors, n’hésitez pas à investir !

Les Open Tunings

Les deux principaux sont l’open de Ré et l’Open de Sol
Open de Ré : Ré, La, Ré, Fa#, La, Ré, également appelé «Vestapol»
Open de Sol : Ré, Sol, Ré, Sol, Si, Ré. Egalement appelé «Spanish Tuning», c’est l’accordage (entre autres) du blues du delta, souvent joué au Bottleneck. C’est aussi l’accordage préféré de Keith Richards, qui, sur ses Télécaster, retire la corde grave, pour avoir en fondamentale la cinquième corde accordée en Sol, et qui est la tonique de l’accord.

L’amplification

John Hammond
John Hammond

Il n’existe aucun bon système d’amplification pour les styles de guitare acoustique qui nous intéressent, ce qui explique que les grands spécialistes comme Tony Rice pour le bluegrass, et John Hammond pour le blues, jouent en studio et sur scène de la guitare vraiment acoustique, en se positionnant devant un micro directionnel type SM57. C’est le seul moyen de restituer fidèlement le son d’une guitare et surtout la dynamique et les nuances que lui «infligent» le musicien. Lorsqu’on est vraiment obligés de passer par l’amplification, les capteurs piézos sont pratiques même s’ils dénaturent considérablement le son, Il existe aussi des micros rosaces de qualité comme Fishman, Sunrise etc…

 

 

Tony Rice
Tony Rice

 

Sur une guitare amplifiée, le jeu change : On n’attaque plus les cordes de la même manière, et on a la sensation que l’instrument répond vraiment différemment, le toucher et la technique se rapprochent de ce que la guitare «acoustique» est devenue… une guitare électrique… sans le sustain.