L’harmonica
En première position
On joue dans la tonalité de l’harmonica :
- en Do sur un harmo en C,
- en Ré sur un harmo en D, etc.…
L’accord de tonique est soufflé
C’est le style folk, mélodique, à la Bob Dylan, Neil Young…
On peut aussi jouer blues (voir position gamme ci dessous)
1ère position (blues scale)
En deuxième position
C’est l’harmonica blues ou Cross harp
- On joue une quinte au dessus de la tonalité de l’harmonica ; en sol sur un C, en la sur un D etc.…
- L’accord de tonique est aspiré sur les 2ème, 3ème et 4ème trou
2ème position (Blues scale)
Le porte-harmonica
Doc Watson, une des grandes figures de ce style raconte que c’est en écoutant les 78 tours de Bill Cox (un musicien de Virginie), qu’il découvrit le principe de deux instruments joués simultanément par le même musicien : La guitare et l’harmonica (celui-ci, tenu et coincé à portée de bouche par un « Rack »). Doc allait adopter ce principe et devenir rapidement un virtuose dans les deux instruments, ce qui est exceptionnel. Le récent document filmé de Robert Johnson, découvert dans un cinéma de Memphis, représente le bluesman mythique jouant avec un porte harmonica en 1936. Le document est malheureusement muet et l’on ne saura jamais comment soufflait Bobby. A noter que ce film mis aux enchères, à été acheté par un autre Bobby, spécialiste aussi de la guitare et de l’harmo, puisqu’ il s’agit de Bob Dylan.
La guitare
En général et pour des raisons techniques, la guitare acoustique convient mieux à ce style, d’abord parce qu’elle fournit un accompagnement plus «plein» et plus conséquent et ensuite parce que la guitare électrique est souvent jouée en formation, avec basse et batterie et qu’à partir de ce moment là l’harmonica, joué avec un porte harmo, devient très difficile à sonoriser. Même Neil Young, grand spécialiste devant l’éternel, ne se sert quasiment pas de son harmonica lorsqu’il joue électrique. Le seul à s’en tirer correctement est Tony Joe White dans une musique particulièrement cool.
La technique
Pour débuter, le secret est de jouer très simple et très « rythmique » sur les deux instruments.
Une bonne pompe de blues à la guitare, en tonalité de Mi sur laquelle on juxtapose les 3 accords aspirés et soufflés sur un harmo (en la) joué en deuxième position sera le meilleur moyen de débuter. Tempos différents, variations de l’intensité selon les moments, équilibre sonore entre les deux instruments, tout cela résulte d‘ une pratique plus que d’une théorie car il suffit d’apprendre les bases des deux instruments pour se retrouver très vite à la tête d’un groupe entier à soi tout seul.
La prochaine étape sera sans doute d’accompagner à la guitare, avec les accords adéquats, toute mélodie jouable à l’harmo en première ou en deuxième position. On pourra largement s’inspirer des chansons de Bob Dylan et de Neil Young.
A essayer aussi le blues en mineur joué à l’harmo en 3ème position, par exemple avec un harmo en sol pour un blues en La mineur.
L’harmonica
En ce qui concerne l’ harmo, on est bien sur dans l’ impossibilité de se servir de ses mains pour tout ce qui est des «effets » sonores, il faut apprendre à travailler les sons en se servant uniquement du souffle et en variant la position des mâchoires et de la langue. Cette habitude vient assez vite pour peu que l’on possède un bon porte harmonica, qui tienne bien l’instrument à une hauteur et une distance confortables.
Malheureusement le modèle mythique que l’on voit sur toutes les photos depuis Jimmy Reed jusqu’à Bob Dylan, de marque « Elton » n’est plus fabriqué et, à ma connaissance, le seul fabricant à proposer un rack efficace et de qualité, est Lee Oskar. La marque Hohner propose aussi son porte harmonica standard que l’on trouve plus facilement sous nos latitudes, il n’est pas mal mais n’est pas spécialement adapté à la taille d’un harmonica diatonique à 10 trous. Cependant, bonne nouvelle : Hohner Usa vient de sortir un modèle spécialement conçu pour l’harmonica blues.
A quand en France ?
Les maîtres
Jimmy Reed. Il joue presque toujours en première position, sur les notes de la gamme blues, en tonalité de la ou de Si b. La simplicité de son style est précisément ce qui fait sa force (comme souvent) et les trois ou quatre notes de la gamme pentatonique mineure qu’il fait sonner dans les aiguës se détachent toujours parfaitement et avec beaucoup d’à propos du son de son groupe (sans bassiste).
Slim Harpo. N’a que très rarement joué des deux instruments (simultanément), sur disque mais de nombreuses photos de scène le représentent ainsi.
Avec Tony Joe White, il est l’un des seuls à jouer du porte harmo et de la guitare électrique.
Doc Watson. Ce roi de la guitare, et son jeu en finger et flatpicking est l’exemple le plus représentatif de la musique blanche américaine.
C’est en tout cas l’image qu’il a, car lui-même ne se prive pas de citer ses influences noires (notamment Mississippi John Hurt).
Il y a quasiment toujours sur ces disques deux ou trois morceaux dans lesquels il joue simultanément des deux instruments… Et alors là attention ! En première ou en seconde position, Doc possède l’incroyable groove de la musique Old Time.
Son jeu peut être rythmique ou mélodique mais l’interaction entre les deux instruments est toujours étonnante.
Aujourd’hui John Hammond synthétise avec beaucoup de talent tous les styles qui l’ont précédé, bien qu’il ne fasse que de très rare incursions dans la country.
Il est certainement le meilleur représentant actuel de ce style, aussi à l’aise en première qu’en deuxième, voire en troisième position…
Ses disques solos sont de véritables démonstrations de ce que l’on peut faire avec une guitare acoustique et un harmonica.
De la même école et de la même époque on peut citer « Spider » John Koerner, un chanteur-guitariste-harmoniciste de Minneapolis qui, avec ses deux compères Dave Ray et Sonny Glover grava le fameux Blues, Rags and Hollers, un disque mythique des années 60.
Hans Olson de l’Arizona est un autre spécialiste du style, son One Man Show acoustique est pratiquement ce qui se fait de mieux dans le style.