Un peu d’histoire
LES DIVERS STYLES DE BLUES
Le premier morceau de blues jamais enregistré fut le “Crazy Blues” de Mamie Smith (1920). Ce disque, qui connut un énorme succès, nous apparaît aujourd’hui comme de la préhistoire musicale, Il arrivait pourtant après plus d’un siècle de tradition orale, en ce qui concerne la musique négro américaine. Cet enregistrement reflétait en fait la vogue des chanteuses noires de l’époque, qui proposaient, dans les cabarets, un répertoire blues et jazz, accompagnées de petites formations jazzy, vogue qui devait culminer avec les succès de Bessie Smith mais qui compta aussi d’autres grands noms comme Ma Rainey, Victoria Spivey, Clara Smith, Trixie Smith, Esther Bigeau, Lucille Bogan, Bessie Brown, Ida Cox, Lucille Hegamin, Rosa Henderson, Bertha “ Chipie ” Hill, Alberta Hunter, Sara Martin etc.… C’est grâce à cette dernière que Sylvester Weaver fut le premier guitariste de blues jamais enregistré (1923)
Issu de work-songs (chants de travail), de chants religieux et de chansons d’ouvriers agricoles, le blues, tel que nous le connaissons aujourd’hui, ne devint une forme musicale définie que très lentement, au gré des diverses influences, humaines, géographiques et sociales qui contribuèrent à le forger. On s’accorde aujourd’hui à dire que le blues est né dans les régions rurales du sud des Etats-Unis.
Nous l’avons ici classé par styles régionaux, la plupart des musiciens étant liés à un style “ géographique ”, bien que certains (et non des moindres) échappent à cette règle, comme Mississippi John Hurt, Skip James, John Lee Hooker ou Albert King. D’autre part, certains grands pionniers, comme Leroy Carr et Scapper Blackwell ou Lonnie Johnson ne sont pas liés à un style régionaliste.
DELTA BLUES
C’est le blues du Mississippi. Un style rude et dramatique, joué souvent au bottleneck et en open tuning, il privilégie le “ message ” de l’interprète. La ligne mélodique de la voix est reprise par la guitare. Charley Patton, Tommy Johnson, Son House, Willie Brown, Robert Johnson, Johnny Shines, Robert Jr Lockwood, Big joe Williams, Skip James, Bukka White en sont les représentants les plus connus, mais on oublie souvent Robert Lee Mc Coy, qui devint plus tard Robert Nighthawk.
TEXAS BLUES
Plus “ léger ” que le blues du Mississippi, il est le style qui permet les longues improvisations de guitare. D’abord “ rural ”, il est joué à la guitare acoustique par des interprètes mythiques comme Blind Lemon Jefferson, Texas Alexander, Leadbelly, Blind Willie Johnson, Lightnin’ Hopkins et Mance Lipscomb. Avec l’apparition de T. Bone Walker, premier musicien de blues “ électrique ”, le Texas blues devient plus sophistiqué et influence notamment le son de la West-Coast, et de tout le blues en général. Les interprètes principaux sont Clarence “ Gatemouth ” Brown, Freddie King, Albert Collins, Johnny “ Guitar ” Watson. Il perdure encore aujourd’hui avec des musiciens comme Johnny Winter et Stevie Ray Vaughan.
SWAMP BLUES
Un groove particulier propre à la Louisiane et à la Nouvelle Orléans. Slim Harpo, Guitar Slim, Lightnin’ Slim etc… on peut y intégrer le Cajun et le Zydéco avec des créateurs comme, Nathan Abshire, Clifton Chesnier, Boozoo Chavis, etc.…
PIEDMONT BLUES
C’est le blues de la côte Est des Etats- Unis ( East Coast Blues). Un style de guitare sophistiqué, inspiré du Ragtime et des pianistes de St Louis et de Memphis. Blind Blake en fut l’instigateur, suivi par Blind Gary Davis, Blind Boy Fuller, Josh White, Brownie Mc Ghee…
SAINT LOUIS BLUES
Premier grand port sur le Mississippi, en remontant vers le Nord, la ville de St Louis devait devenir le premier “ Creuset ” de la musique blues, avec le mélange des influences régionales apportées ici par les premiers musiciens itinérants venus de plusieurs villes du Sud. Gus Cannon, Henry Spaulding, Henry Townsend etc…
MEMPHIS BLUES
Seconde grande étape de la migration le long du Mississippi, la ville de Memphis apportera sa contribution à l’évolution de la musique blues en intégrant elle aussi diverses influences, sous l’impulsion première de musiciens comme Will Shade et son groupe le Memphis Jug Band (qui officiait dans les clubs de la célèbre Beale Street). Memphis Minnie, Furry Lewis, John Henry Barbee, Joe Mc Coy, Frank Stokes en sont les représentants principaux, B.B. King restant le plus célèbre.
CHICAGO BLUES
Le Chicago Blues est sans doute le style qui a eu le plus d’impact et d’influence sur le blues d’aujourd’hui, ainsi que sur le Rock, la Pop etc… C’est sous l’impulsion du producteur Lester Melrose et des musiciens Tampa Red et Big Bill Broonzy, qu’il devait prendre son essor dès la fin des années 20. Acoustique jusqu’à la sortie (en 1947) du “ I’s Be Troubled ” de Muddy Waters, produit par les Frères Chess, il devient ensuite “ urbain ”. Jimmy Reed, Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Little Walter, Jimmie Rogers, Sonny Boy Williamson, Jimmy Dawkins, Willie Dixon, Buddy Guy, Junior Wells, Walter Horton, J.B Hutto, Elmore James, Otis Rush, Otis Spann, Hubert Sumlin, Sunnyland Slim, Hound Dog Taylor, Magic Sam…
WEST COAST BLUES
Si Chicago fut la destination privilégiée des immigrants du Mississippi, la côte ouest des Etats-Unis, et la Californie en particulier, fit office de terre promise pour les émigrants (blancs et noirs) qui venaient du Texas et des régions sud-ouest du pays (sans doute pour des raisons géographiques). Sous l’influence de T.Bone Walker, le West Coast blues allait donner un blues plus sophistiqué que le Chicago Blues, grâce à l’ajout de sections de cuivres…. Charles Brown, Pee Wee Crayton, Lowell Fulson, Freddie Roulette, Sonny Rhodes, Johnny Heartsman et aujourd’hui, Joe Louis Walker et Robert Cray en sont les principaux représentants.
BRITISH BLUES
C’est sous l’impulsion de passionnés comme Alexis Korner et Cyril Davis, que les îles britanniques allaient, au début des années 60, faire connaître le blues en Europe puis le réexporter, avec des couleurs nouvelles, vers son pays d’origine.
Musiciens : John Mayall, Peter Green avec Fleetwood Mac (1ère mouture), Eric Clapton, Stevie Winwood, Rory Gallagher…
Dave et Jo Ann Kelly, Davey Graham et Bert Jansch pour le blues acoustique.